Faux départ

Dans un hôtel proche de l’Indira Gandhi International Airport, New Delhi ;
18h58 heure locale.

Me voici dans le petit Daya Continental tout près de l’aéroport, en transit. La journée aura été courte… mais il faut d’abord revenir sur ce J-1.
J’embarque hier soir à Charles de Gaulle avec un bagage en soute de 12,5kg, ce qui représente l’aboutissement de ma vie, un peu, mais aussi et surtout la promesse de treks légers et d’avance réjouit le dos et les pieds. Petit problème : on s’envolera avec une heure de retard (le plan de vol est arrivé 20 minutes après le départ prévu et juste avant de décoller le personnel de bord s’est lancé dans des fumigations intempestives apparemment hors-sujet mais sur le coup on est en droit de se poser des questions comme ça pique le nez et les yeux – parfois il vaut mieux ne pas savoir pourquoi, même si j’accrédite la thèse de la décontamination des produits en bois, le traitement phytosanitaire est ce qui revient le plus souvent sur les forums – passons), ce qui provoquera une terrible réaction en chaîne qui se conclut par un “j’ai raté mon escale à Delhi”. On pourrait ajouter à cela, sans lien de cause à effet, que ma voisine m’a encouragée à regarder un film indien : Zanjeer, produit à Tollywood (et non Bollywood). Pour vous faire une idée de la qualité du film, je vous transmets cette critique que j’ai pu me procurer par la suite (il s’agit en effet d’un remake) : “This remake is wrong on so many levels that I don’t know where to begin. This isn’t a film. It’s sacrilege.” Bon, en vrai c’est injuste, parce qu’on se prend au jeu des faux feux informatiques (special effects powa) et des bagarres si viriles qu’elles commencent sans raison, juste parce que deux mecs se sont regardés. Ca ferait un bon film d’Absurde séance. En plus le héros, Vijay, se fait un ami du nom de Sher Khan et ça, ça n’a pas de prix. Bref.

J’ai donc raté mon escale à New Delhi à quelques minutes près (je suis particulièrement fière d’avoir passé la douane et récupéré mon sac en 15 minutes, même si cela n’a pas suffit ; ça reste une belle action), ai négocié un billet d’avion avant demain, ai échoué dans cette négociation, ai entrepris de sortir de l’aéroport pour trouver un taxi, taxi qui m’emmènera dans ce fameux Daya Hotel où je suis présentement.
Le trajet fut court mais intense : avec tout ça, j’en aurais presque oublié que j’étais dans un autre pays. Même si le paysage nous le rappelle vite ; je n’ai pas encore pris de photos, mais le quartier de l’aéroport ressemble à tous les quartiers d’aéroport dans le monde, soit pas très glamour, en périphérie, là où il n’y a rien à voir. Version indienne, ça donne une quatre voies un peu au milieu de nulle part, avec des bâtiments en béton gris, espacés, lézardés à la façon des buildings des lieux communs indiens. Et hors la route la poussière, déplacée par les autorickshaws verts et jaunes, et c’est une poussière sèche et lourde sous le soleil.

Prise de marques (i.e grand déballage), douche, repas, sieste sous les pales qui tournent au plafond, on profite de la climatisation. Pour le repas, quelque chose de merveilleux m’est arrivé : le room service. C’est comme si quelqu’un avait su que je n’avais pas l’énergie de bouger, mais bien plutôt celle de dormir et que par un heureux hasard on venait frapper à ma porte pour me donner gentiment un poulet curry à 1,5 euros. 

Je regrette légèrement de ne pas avoir fait un tour dans ma rue l’après-midi, mais je n’étais pas prête à marcher sous 45°C et sans air, en tout cas sans dormir d’abord, et maintenant il fait nuit et Delhi la nuit après 20h je ne sais pas. Et puis j’ai un avion à prendre demain… !

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